Vous pouvez téléchargez ici le PDF du livre paru en janvier 2023.
À propos du sous-titre du livre Pour un nouvel individualisme largement ignoré par les lecteurs du Chef contre l’homme.
Extrait d’une analyse inédite de Philippe Geneste qui revient sur la recherche par Marcel Martinet de ce que pourrait être un « nouvel individualisme ».
Pour Martinet, la faillite des engagements révolutionnaires, qui furent les siens et ceux de toute sa génération, interdit de ne pas interroger les conceptions révolutionnaires de l’individu, que ce soit celles en cours dans le mouvement communiste ou que ce soit celles en cours dans le mouvement anarchiste ou que ce soit celle de l’idéologie libertaire. La défense de la personnalité doit dépasser l’étroitesse de l’individualisme, et là est l’obstacle auquel se heurte la réflexion de Martinet au cours de la rédaction de l’essai Le Chef contre l’homme.
Le capitalisme a bien plus changé les conditions de vie des travailleuses et des travailleurs que leurs luttes les ont changées. Martinet est lucide et c’est à déceler le noyau dur de cette victoire du capitalisme, de l’ordre inégalitaire, qu’il emploie son énergie dans les quelques pages de sa contribution. Ne peut-on comprendre cet effort réflexif de Marcel Martinet comme la recherche d’une conception intégrative de la personnalité au projet révolutionnaire, ce qui suppose une assise nouvelle de la théorie de la personne et ce qui suppose aussi de se défaire des rivages de l’individualisme ?
N’est-ce pas de là qu’il faut partir pour comprendre la volonté de Marcel Martinet d’élaborer un « Nouvel individualisme » et un « Nouvel humanisme » ? La notion de liberté doit être abordée différemment que sous le prisme soit de l’individualisme soit du stalinisme (étatisme ou collectivisme autoritaire et dictatorial). Martinet est un penseur de la liberté, en ce qu’il tente de tracer un autre chemin qui le mène vers une conception que recouvre bien cette phrase de Gusdorf : « La liberté la plus haute commence par la communauté – non point liberté qui sépare mais liberté qui unit » c’est-à-dire que « pour rejoindre les autres, il faut passer du recueillement à l’expression ».
Tant que la problématique de l’individu reste coupée de la problématique de la socialisation, tant que la liberté sera assimilée à la vie individuelle, la libération sociale ou collective est impossible. Car, en effet, la gangue des hiérarchies enserre alors toute velléité de liberté sociale. La réalisation de ce gainage coercitif des consciences et des corps peut passer par le libéralisme et son idéologie individualiste aussi bien que par le bureaucratisme collectiviste (le stalinisme) : dans les deux cas, des hiérarques jouent leur partition de bien être au détriment de la masse du peuple. Martinet qui analyse ces exemples puisqu’il les a sous les yeux, comprend que le recours à l’individu n’est pas suffisant car la galvanisation des individus, l’appel à l’égonomie (au cœur de l’idéologie individualiste) apportent leur concours « à un mouvement qui ira nécessairement vers l’idée du bonheur dominante, celle que propose la société dominante ».
Philippe Geneste (réflexions en cours)