Notre héritage n’est précédé d’aucun testament.
à l’inconnu.e
AMOUR, ARGENT et autres curiosités
Emmanuel Loi & Alain Tanner
22P « Elle n’a fait aucun geste vers lui. Plus tard, il la prendra sur la moquette blanc cassé chez son frère où elle habite, il ahanera dans ses reins. Ce cul serré qui connaît ses programmes. »
voleur ! d’Emmanuel Loi
11P « Un trait commun les définit tous, la virilité qui s’agite avec inquiétude entre leurs jambes. »
Amour, Prozac et autres curiosité de Lucía Etxebarria
ロア s’écrit roa ou loa. Les phonèmes r et le l étant équivalents en langue japonaise. Aucune chance par ailleurs de confondre ロア avec la loi dont le caractère sino-japonais historique est 法. La forme de ce sinogramme de l’antiquité chinoise a été simplifiée, mais garde la référence à l’eau 水 et au rejet 去. Deux attributs essentiels d’un bon juge : l’impartialité représentée par l’eau (qui s’étend uniformément sans privilégier de lieu) et le devoir de rejeter le malfaiteur de la société. Aucun jeu de mots avec le patronyme de cet écrivain n’est possible en sino-japonais. Une myriade de rapprochements, autant de perspectives sont jouables. FAITES VOS JEUX !
木岡さい。
Affiche officielle de Goult International, extraite de l’affiche d’un film à sketches français « J’ai toujours rêvé d’être un gangster » écrit et réalisé par Samuel Benchetrit et sorti en 2008.
Journal de bord | Jeudi 12 décembre à John Doe Books
LE VERNISSAGE COULE
Tout s’est bien passé, hier soir. Tout semblait indiquer le contraire, auparavant. Ce retournement de situation est étrange à vivre, mais à bien le lire, ça lui va comme un gant. A tel point qu’on peut croire à un coup monté. Nous voilà bluffé-es. L’affiche plutôt féministe recueille des compliments, on s’attendait à un malaise. Cette bande annonce se voulait ironique, elle passe comme une lettre à la poste. Tout ce qui pouvait déranger, a trouvé une place. Certes, on s’est contenu. La mémoire des esclandres passées était toute fraîche. Se rassembler autour de ses livres, posés sur une table au beau milieu de la pièce, aura joué pour beaucoup, sans doute.
Solde de tout compte, selon la doctrine libérale, que gagne-t-on à lire un illustre inconnu ? Cette perspective comptable est prise au dépourvu. On la savait aussi simple que le pilon, la voilà hors sujet. Les comptes seront invisibles. Le contexte posé est situé : en quoi peut consister l’exposition d’un écrivain, tel qu’Emmanuel Loi ? Serait-ce en réaction à une indifférence orchestrée ? Mais de quoi parle-t-on ? étendre la question, la laisser sécher. Les enjeux sont sur la table. Dans un pas de côté, l’écrivain nous interpelle : Je ne suis pas écrivain ! Tenons fermement notre couronne, nous sommes lecteurs et lectrices. L’exposition s’ouvre, le vernissage coule.
木岡さい。
L’ILLUSTRE INCONNU
« Dans l’écriture de l’époque, au moment même où prend fin visiblement l’époque de l’écriture. Pas étonnant qu’en avançant dans l’imaginaire de l’écrivain, on découvre, déniées ou déplacées, les structures même du champ ; qu’en remontant le cours du narcissisme d’auteur, on aboutisse au marché du livre. Donc ceci : le génie ne s’illustre qu’autant que l’époque et le marché le veulent. A la longue, il n’y a pas d’illustre qui tienne, comme à la réflexion, pas de génie qui vaille. Cela pourrait soulager. Mais non ― pensée intolérable. Comment supporter les limites de l’espèce s’il n’est pas permis d’y postuler tératologique et fascinante, l’image de l’homme illustre dans laquelle s’est reconnue l’époque qu’il résume ? De tout cela bien sûr, il n’est pas interdit de rire : de l’illustre, de l’inconnu, du livre, de l’auteur ― de son rire même. » (extrait de la 4ème de couverture)
Jean-Marie Geng。