Remède à tout observe (c’est-à-dire théorise) à partir des concepts forgés par les situationnistes (spectacle, aliénation, séparation) les symptômes d’une société régie par la valeur et la domination.
La plupart des livres publiés par Quiero sont écrits par des auteurs que je connais et dont je lis les textes depuis longtemps… C’est le cas de Philippe Geneste, John Baguette, Jacques Le Scanff, Simone Debout, Sadou Czapka, Jérémy Beschon, Emmanuel Loi, Guy Lévis Mano ou Serge Pey…
Voici donc un premier livre qui échappe à cette règle. Rencontré par internet, l’Observatoire situationniste (OS) est un collectif créé en 2021 qui propose une analyse critique de notre époque à travers le prisme des concepts forgés par les situationnistes dans les années 1960 (spectacle - aliénation - séparation).
Lecteur régulier du blog (https://observatoiresituationniste.com), j’ai signalé mon intérêt pour Remède à tout dont ielles avaient dévoilé le sommaire dans l’été 2023. Le texte lu et apprécié, j’ai accepté l’idée d’une édition « rapide » et à un prix abordable de leur ouvrage. Nous avons ensuite travaillé ensemble à la mise en forme du texte, puis du livre imprimé cet été et qui vient de paraître dans la collection « Têtes d’orage ».
Nous vivons une époque empoisonnée par le développement capitaliste et ce livre propose quelques pistes inédites pour dépasser ce constat lucide et apporter un remède critique à cette situation. C’est une étape nécessaire pour faire tomber encore quelques illusions idéologiques sur le travail, l’argent, l’identité, le temps…
Son titre Remède à tout renvoie à un projet de Sanguinetti (lire plus loin) et à une observation de l’Internationale situationniste qui en avait formulé l’à venir dans son numéro 8 : « L’I.S. devra se définir tôt ou tard comme thérapeutique ». Numéro qui théorisait aussi dans un article de Alexander Trocchi le « coup du monde » [1], une stratégie s’opposant en tous points au « coup d’état » et qui était, encore une fois, en avance sur son temps (on ne parlait pas encore de mondialisation ou de globalisation dans les années 1960).
Comme l’écrivait en 1978 Gianfranco Sanguinetti à Guy Debord : « J’ai toujours le projet d’écrire Rimedio a tutto, mais je voudrais en parler avec toi, sans quoi il sera difficile que je me décide ; et pourtant je sens qu’il faudrait l’écrire tout de suite, ou jamais. Il me manque un je ne sais quoi, ou mieux, je le sais : il me manque ton avis et ton encouragement. […] Et pour finir, voici les mots d’un madrigal du Cinquecento, dont la musique est très belle, à dédier aux ouvriers dans ton prochain film : »
Io non compro più speranza,
ch’egli è falsa mercanzia.
A dar solo attendo via
quella poca che m’avanza.Cara un tempo la comprai
hor la vendo a buon mercato.
E consiglio ben che mai
non ne compri un venturato…
[2]
Le livre vient de paraître en librairie le 4 novembre (et avec quelques longueurs d’avance sur quelques tables amies…), n’hésitez pas à le demander à votre libraire.
Il est présenté dans toutes les libraires qui suivent régulièrement nos parutions et disponible à la commande auprès de toutes les autres en France, en Belgique et en Suisse grâce au travail de Serendip-Livres et Paon diffusion.
[1] « Technique du coup du monde », I.S., n° 8, 1963
[2] Je n’achète plus l’espérance,
car c’est une fausse marchandise.
J’attends juste que s’en aille
le peu qui me fait avancer.
Autrefois je l’achetais cher,
maintenant je la vends à bon marché
Et je recommande de ne plus
jamais en acheter nulle part…